Texte intégral du témoignage de Mr. Elias Bejjani au Parlement Canadien
Toronto – Canada
Le 1 août 2006
Texte intégral du témoignage présenté par Mr. Elias Bejjani, Secrétaire Général du Conseil de Coordination Canadien Libanais (LCCC; Lebanese Canadian Coordinating Council) et porte-parole de la Fédération Canadienne Libanaise des Droits de l’Homme (CLHRF; Canadian Lebanese Human Rights Federation), devant le Comité Permanent des Affaires Étrangères et du Commerce International du Parlement fédéral canadien à Ottawa, le 1 août 2006, en session tenue pour examiner la crise en cours au Moyen et la réplique du gouvernement canadien à l'évacuation des citoyens canadiens du Liban.
Merci pour un pays sans pareil !
L’objectif primordial de n’importe quelle opération d’évacuation d’un peuple
pris sous les bombardements causés par un état de guerre, est de garantir la
sécurité des évacués en sécurisant les moyens et les méthodes, ainsi que
l’environnement, pour les sortir de la zone ciblée par la guerre et les faire
parvenir à des zones plus sûres. Toute considération relevant d’un autre ordre
n’est que secondaire et ne représente qu’un détail du domaine de l’administratif
et de la logistique.
Dans un environnement compliqué où les communications sont
ambivalentes, dans des circonstances des plus difficiles, grâce aux efforts
soutenus du gouvernement canadien, cet objectif principal a été réalisé avec
grand succès. Des milliers de ressortissants canadiens d’origine libanaise ont
pu dans un très court délai être transférés vers une zone sûre, d’un
environnement hostile et dans des circonstances dangereuses et complexes.
Je profite de cette occasion pour déclarer en pleine connaissance de cause et
pour proclamer à haute voix nos remerciements aux autorités canadiennes, de ma
part, de la part de toutes les institutions libanaises de ce grand pays du
Canada, de la part de tous ceux qui craignent la pire des catastrophes humaines
que le monde aie connu depuis la deuxième guerre mondiale, et de la part de ceux
qui expriment leur inquiétudes en manifestant pour demander que la paix règne
dans ce magnifique pays maintes fois martyrisé.
Oh Canada ! Notre chère patrie, au nom de tous les Libanais, nous t’exprimons
notre gratitude et notre reconnaissance.
Je profite de cette occasion aussi pour exprimer un merci colossal au premier
ministre canadien, monsieur Stephen Harper, à l’ambassadeur du Canada, monsieur
Louis de Lorimier, toujours résidant à Beyrouth, pour achever une tâche de
laquelle n’importe quel haut fonctionnaire pourrait s’en passer.
Merci au corps de l’armée canadienne qui n’a pas hésité de
prêter mains fortes à la minuscule équipe diplomatique,
Merci aux différentes équipes de coordination et d’accueil stationnées aux
points de transit et aux points d’arrivée, merci tant de fois merci.
Merci pour vos actes de bravoures qui méritent d’être
enregistrés dans « le grand livre de l’histoire Libanaise ».
Merci pour l’aide que vous procurez pour toutes les nations
sinistrées de la planète. En effet l’hymne national canadien en est témoin !
Je profite aussi de la même occasion pour transmettre mes sympathies à ceux qui
ont perdu des êtres chers.
Certains de ceux qui connaissent peu l’environnement complexe de la situation
actuelle, et qui ne connaissent pas la multiplicité des intervenants sur la
scène libanaise peuvent sous-estimer les efforts déployés par le Canada en les
comparant avec ceux des européens ou des américains, qui ont des ressources en
permanence dans la région du Proche Orient. Certes, sous le choc et la peur je
peux comprendre leurs sentiments, mais je leur demande de prendre en
considération l’éloignement de notre cher pays d’accueil et la grandeur relative
de ses moyens. Sans les efforts du Canada, le nombre de familles en deuil serait
aujourd’hui centuplé. Grâce au savoir faire de la diplomatie canadienne, les
difficultés ont été aplanies pour alléger le poids psychologique qui
alourdissait l’environnement de l’opération « sauvez le Liban ».
Malgré leurs contacts et leur flotte stationnée en permanence
dans la méditerranée, avec l’organisation la plus sophistiquée de ce monde, les
secouristes américains ont dû faire face à des complications beaucoup plus
sévères que celles rencontrées par les sauveteurs canadiens.
Nous comprenons clairement le cadre psychologique d’insécurité dans lequel les
canadiens d’origine libanaise ont été victime, nous comprenons leur peurs leurs
angoisses, et leur fatigue; par conséquent nous comprenons leur critiques.
Mais nous refusons de comprendre les tentatives ouvertes, dont nous comprenons
les dessous, de certains groupes visant à profiter de cette catastrophe pour
dire faussement au monde que la diaspora libanaise appuie le Hezbollah et autres
organisations listées comme terroristes sur le plan mondial et dans le registre
des organisations terroristes du Canada :
A Beyrouth, le 14 mars 2005, plus d’un million et demi de personnes représentant
la révolution du Cèdre, issues de toutes les confessions de la nation libanaise,
ont manifesté pacifiquement contre l’occupation syrienne et contre « le parti de
Dieu » (Hezbollah).La majorité des libanais désirent un Liban démocratique libre
maître des ses décisions sur le territoire de ses ancêtres, un Liban vacant de
toutes milices et organisations terroristes. Tous, sans exception, ont demandé,
et continuent de demander l’appui à la légitimité internationale et exigent
l’application de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité, qui stipule le
désarmement de toutes les milices, qu’elles soient libanaise ou non libanaises,
et le déploiement de l’armée libanaise sur les lignes frontalières avec Israël.
Tous demandent de raviver la Convention d'armistice conclue en 1949 entre Israël
et le Liban, d’étendre les pouvoirs gouvernementaux à tous les coins du pays,
d’établir des relations diplomatiques normales avec la Syrie en précisant les
frontières géographiques et en les gardant contre toute infiltration avec l’aide
des observateurs de l’ONU.
Le peuple libanais, dans toutes ses composantes et ses
communautés, est un peuple pacifique qui désire ardemment de vivre dans un état
libre et indépendant, et appuient sans réserve aucune l’établissement d’un pays
neutre respectueux de la charte internationale des Droits de l’Homme
Notre communauté libanaise du Canada fait partie intégrale du peuple Canadien.
Elle a trouvé dans ce pays hôte tout le respect et l’assistance pour un peuple
souffrant de la guerre. Elle restera respectueuse des mêmes valeurs humaines de
la société canadienne, et n’offrira que la coopération et le respect, comme
l’ont été nos ancêtres. Nous resterons un pilier pour les libertés, la paix, la
sécurité et la stabilité pour le Canada.
Vive le Canada. Vive le Liban.