Two article on SOLIDE and SOLIDA press conference
Date: Thu, 17 Nov 2005 03:46:22 +0100
Tuesday, November 15, 2005
SOLIDE urges Cabinet to act quickly to free detainees
BEIRUT: The chairman of the committee for the Support of Lebanese in Detention
and Exile (SOLIDE), Ghazi Aad, urged the government to act quickly to free those
Lebanese detained in Syrian jails. Aad said the Syrian government is unwilling
to address its Lebanese prisoners, choosing instead to deny their existence and
focus on Syrian detainees in Lebanon.
The committee of the parents of detainees in Syrian jails, SOLIDE and the
organization SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) held a news
conference at the Khalil Gibran garden, in Downtown Beirut.
In a statement, Aad also raised the possibility of yet undiscovered graves from
the Civil War, urging the Lebanese government to seek them out.
"The Lebanese Army command took the decision to locate two graves, but who will
complete the task? Will the truth about the fate of thousands of victims of
arbitrary arrests in Lebanon be limited to the graves of Yarze and Deir
al-Qalaa?"
Aad said the government should form a specialized committee consisting of
criminology and forensics experts, international observers from the UN, the ICRC
and nongovernmental organizations, as well as individuals who specialize in
unearthing mass graves. The committee should be provided with proper
laboratories, equipment and funds, he added.
Aad added reports by the UN human rights committee in 2001 and 2005 failed to
mention the disappearance of Syrians in Lebanon, but did list the arrest of
Syrian and Lebanese nationals by the Syrian intelligence.
"In light of this fact, the Lebanese government is compelled to put an end to
this 'bitter comedy' and immediately ask the Security Council to form a fully
fledged international committee to investigate arbitrary arrests by the Syrian
intelligence in Lebanon," said the statement.
Aad "We, in turn, call on the parliamentary human rights committee to expedite
the case and pressure the Lebanese government into taking on responsibility of
uncovering the truth." - The Daily Star.
Copyright (c) 2005 The Daily Star
L'Orient-Le Jour.
13 octobre 1990 - Un dossier d’une grande sensibilité, les familles de soldats
disparus sous le choc.
Solide et Solida demandent des observateurs internationaux pour le suivi des
tests d’ADN
L'article de Anne-Marie EL-HAGE
Des femmes fondent en larmes. Certaines jurent leurs grands dieux qu’elles ont
rendu visite à leurs fils dans les prisons syriennes ou qu’elles ont des preuves
qu’ils s’y trouvent. D’autres racontent encore, avec force détails, comment
elles ont fait le tour des morgues des hôpitaux, les jours suivant le 13 octobre
1990, sans retrouver les corps de leurs proches. Les hommes, eux, tout aussi
remués, tentent de dissimuler leurs émotions. Mais les nerfs lâchent. Les
familles des militaires libanais disparus le 13 octobre 1990 sont encore sous le
choc, depuis que l’armée libanaise entreprend de les contacter pour leur faire
subir des tests d’ADN. Des tests dont les résultats seront comparés à ceux des
ossements de treize disparus exhumés ces derniers jours dans le périmètre du
ministère de la Défense à Yarzé.
Une douloureuse épreuve
C’est dans cette ambiance de grande nervosité de la part des familles de détenus
libanais en Syrie que les associations Solide (Soutien aux Libanais détenus en
exil) et Solida, basée en France (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement)
ont donné hier une conférence de presse conjointe au jardin public Gibran Khalil
Gibran, en face du siège de l’Escwa, au centre-ville. Alors que le sit-in des
familles de détenus dans les geôles syriennes se poursuit, dans l’objectif
d’aboutir à l’internationalisation du dossier.
Si les deux associations ont salué l’initiative des autorités libanaises
d’identifier les ossements exhumés, elles n’en ont pas moins invité le comité
chargé du suivi du dossier à agir avec plus de transparence et à faire appel à
des observateurs internationaux, afin que les tests d’ADN entrepris sur les
ossements exhumés et sur les familles des soldats disparus soient plus
crédibles. Les deux associations ont également appelé les autorités à faire
montre d’un brin de psychologie et d’un peu plus de doigté dans ces dossiers
très sensibles, d’autant que les familles des disparus, qui ont longtemps refusé
de déclarer morts leurs proches, faute de preuves, ne sont pas préparées
psychologiquement à une telle épreuve.
La présidente de Solida, Marie Daunay, a d’abord estimé que « l’exhumation des
treize corps enterrés dans les terrains du ministère de la Défense est une
douloureuse épreuve pour les familles de disparus ». Mais que « c’est aussi une
étape nécessaire sur le chemin de la vérité ». Une étape qui « donne l’espoir
que la vérité triomphera au Liban… sur les violations gravissimes des droits de
l’homme qui ont eu lieu à l’encontre des Libanais, que ce soit dans les
disparitions forcées, les massacres ou les tortures… perpétrés sur les
territoires libanais, syrien ou israélien ». « Aujourd’hui, conclut Mme Daunay,
nous voulons que la découverte de ces treize corps soit le début d’un traitement
effectif de ces questions de droits de l’homme, dans le respect de la dignité
due à tout être humain. »
Soixante et un militaires disparus le 13 octobre 1990
À son tour, Ghazi Aad, porte-parole de Solide, a salué l’initiative du comité
libanais d’assurer le suivi des deux dossiers des détenus libanais dans les
prisons syriennes et des corps exhumés des fosses communes. Il a cependant émis
des réserves sur le sérieux du haut comité de suivi libano-syrien chargé du
dossier des Libanais détenus en Syrie, indiquant que la partie syrienne du
comité avait mis sur l’agenda le dossier des Syriens disparus au Liban, « un
dossier qui n’avait jamais été évoqué auparavant ». « Il est grand temps que le
gouvernement libanais mette un terme à cette farce, souligne Ghazi Aad, et qu’il
appelle les Nations unies à former un comité qui serait chargé du dossier des
arrestations arbitraires et des disparitions perpétrées par les services de
renseignements syriens au Liban ».
M. Aad a remercié le commandement de l’armée d’avoir enfin pris l’initiative
d’exhumer les ossements de la fosse commune de Yarzé et d’entreprendre des
analyses d’ADN. « Fosse commune dont l’ancien procureur général près la cour de
cassation, Adnane Addoum, avait révélé l’existence, le 12 décembre 2000. » Il a
également salué l’initiative de l’armée de procéder, très bientôt, à la
recherche d’une fosse commune à Beit Méry, dans la région de Deir el-Kalaa. Il a
cependant demandé « qui se chargerait de retrouver les autres charniers ou
fosses communes dont on soupçonnait l’existence, à Ras el-Nabeh, Anjar, Tripoli,
Mar Maroun, Dhour Choueir ou dans toutes les régions qui regroupaient des
permanences des services de renseignements syriens » alors que le nombre des
militaires libanais disparus le 13 octobre 1990 s’élève à 61 personnes. « Nous
avons de sérieuses raisons de penser qu’un certain nombre de ces militaires
disparus se trouvent effectivement dans les prisons syriennes », observe le
porte-parole de Solide, avant de demander au gouvernement si la vérité englobera
également les milliers de personnes disparues au Liban durant la guerre.
Manque de confiance dans l’État
Sans refuser de manière catégorique le comité actuel récemment formé par
l’armée, c’est un comité formé de juristes experts en droit pénal, de médecins
légistes, de membres d’ONG et d’observateurs internationaux des Nations unies,
de la Croix-Rouge internationale ou d’Amnesty International, rodés dans la
découverte des charniers, que réclament les deux associations et les familles
des militaires disparus le 13 octobre 1990. Un comité qui aurait les
possibilités de travailler dans les meilleures conditions possibles, financières
et techniques.
Dans l’espoir que le gouvernement répondra à leur requête, les familles des
militaires disparus le 13 octobre 1990 tentent de se convaincre de la nécessité
de se soumettre aux analyses d’ADN. Si certaines ont déjà répondu à l’invitation
de l’armée de se rendre au laboratoire de génétique de la faculté de médecine de
l’USJ, d’autres n’arrivent pas à faire le pas. « Je n’y peux rien, je n’ai pas
confiance dans un État qui a voulu me pousser à déclarer mon fils mort.
D’ailleurs, quelque temps plus tard, je l’ai vu de mes propres yeux dans une
prison syrienne », déclare Violette Nassif, dont le fils militaire, Johnny, a
disparu le 13 octobre 1990. « Et si les résultats des tests ADN étaient
sciemment biaisés dans le seul but de clore le dossier des Libanais détenus en
Syrie ? » demande-t-elle. De même, Sonia Eid, mère de Jihad, enlevé lui aussi
par les forces syriennes, ce même 13 octobre 1990, n’est toujours pas convaincue
de se plier aux tests d’ADN. « Qu’ils ouvrent les prisons syriennes d’abord pour
nous permettre de voir de nos propres yeux si nos enfants ne s’y trouvent pas,
et l’on fera alors les analyses », dit-elle.
Mais au fond d’elles-mêmes, ces mères savent pertinemment bien que les analyses
d’ADN sont une étape nécessaire dans la découverte de la vérité. Même si cette
étape peut être encore une épreuve douloureuse à traverser. À moins d’une preuve
de bonne volonté de la part des autorités syriennes. Mais cela n’est qu’utopie.
Anne-Marie EL-HAGE