Lettre
ouverte au Président américain Bill Clinton
Monsieur le Président,
A l'occasion de votre prochaine rencontre avec le président syrien Hafez
El-Assad, le mouvement franco-libanais SOLIDA (Soutien aux Libanais
Détenus Arbitrairement), basé à Paris, souhaite solliciter une
intervention de votre part concernant la question des libanais détenus
illégalement dans les prisons syriennes.
Des milliers de libanais ont depuis le début de la guerre au Liban été
enlevés dans leur pays par des milices pro-syriennes et pro-israéliennes
qui les ont ensuite transférés vers les prisons des pays avec lesquelles
elles étaient alliées.
Les autorités israéliennes détiennent toujours des dizaines de personnes
dans des conditions inhumaines.
Aujourd'hui, malgré la fin des hostilités entre le Liban et la Syrie, et
alors que le Liban possède son propre système judiciaire, les autorités
syriennes détiennent toujours des centaines de ressortissants libanais,
continuent d'en arrêter en territoire libanais, et exercent des
pressions sur les familles de ces victimes et les organisations de
défense des Droits de l'Homme pour qu'elles n'évoquent pas la question.
Il y a certes urgence à aboutir à la Paix dans une région marquée par
des conflits depuis tant d'années.
Mais les détenus devront-ils attendre, -ou mourir?- dans l'espoir d'une
hypothétique "solution régionale"?
Les défenseurs des Droits de l'Homme sont aujourd'hui gravement
préoccupés par la situation des libanais détenus dans les prisons
israéliennes et syriennes.
Alors que vous allez rencontrer le Président Assad, nous vous demandons
de bien vouloir évoquer avec lui la situation des centaines de libanais
toujours détenus en Syrie. Il y a urgence! Certains sont détenus
illégalement dans les prisons syriennes depuis plus de vingt ans,
beaucoup sont détenus au secret, dont des personnes gravement malades. A
la fin du mois de septembre 1999, le citoyen libanais Adel Khalaf AJOURI
est décédé en Syrie, au terme de neuf années de détention illégale et
alors que des défenseurs des Droits de l'Homme avaient alerté les
autorités compétentes sur son état de santé alarmant. des détenus se
crèvent les yeux pour tenter d'être libérés des prisons syriennes et
échapper ainsi à leurs tortionnaires. les méthodes de torture utilisées
dans les prisons syriennes, recensées par Amnesty International il y a
près de dix ans sont aujourd'hui toujours appliquées aux détenus.
Dimanche, il s'agira pour vous d'un problème de conscience, d'un devoir
de mémoire. vous aurez la possibilité d'intervenir auprès du Président
Assad pour que des centaines de personnes ne perdent pas la vie en
détention. vous pourrez aussi choisir d'ignorer la question. Nul ne peut
décider pour vous, mais des milliers de personnes espèrent en vous.
Recevez, Monsieur le Président, l'expression de notre haute
considération.
Le Mouvement franco-libanais SOLIDA
Paris, le 24 Mars 2000
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