Subject: Press conference: speech
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Date: Fri, 19 Oct 2007 15:22:44 +0200 (CEST)
(La version française suit)
Speech of Wadih Al Asmar, Secretary General of the CLDH (Lebanese Center for
Human Rights), on the occasion of the press conference held this Friday October
19, 2007, entitled:WHY DOES THE LEBANESE JUDICIARY CONTINUE TO COVER UP RUSTOM GHAZALEH’S CRIMES?
Let me begin, on behalf of the Lebanese Center for Human Rights, by thanking you
all for being here today. I particularly would like to emphasize the key role
that the media play in contributing their support to our struggle for a greater
respect for human rights in Lebanon.
We have invited you here today to this press conference in order to share with you our assessment of the lobbying and awareness campaign that we have conducted with the goal of drawing the attention of the political an d judicial authorities, as well as the religious ones, to the tragic situation of Youssef Chaabane. Mr. Chaabane has been detained for more than 14 years on the basis of a court judgment that violates Lebanon’s international commitments.
The opinion of the United Nations Working Group on Arbitrary Detention in this matter is a sign of the mistrust expressed vis-à-vis the Lebanese justice system in its totality. The experts of the United Nations were very explicit when they qualified the detention of Youssef Chaabane as “arbitrary”. The Working Group believes that: “to be sentenced to death, even when the sentence is commuted to a life term, while denying the concerned individual to have the conviction and the sentence reviewed by a higher jurisdiction, is in itself a very serious violation of the norms of a fair trial.”
The Working Group believes (…) that the violation of Paragraph 5 of Article 14 of the International Covenant on Civil and Political Rights – to which Lebanon is a party – is of such an egregious nature that it confers upon the detention and conviction of Mr. Chaabane an arbitrary character.”
Following this campaign, there is a lingering feeling of a profound malaise, since we have come to the unpleasant conclusion that since April 2005, when the Syrian forces withdrew, nothing has changed in Lebanon. How else should one interpret the dogged stubbornness of an entire judiciary to protect a decision made following an unfair trial which itself began with an illegal arrest and detention at the Syrian Intelligence Center in Beau Rivage, and following an investigation conducted under the aegis of Rustom Ghazaleh himself?
Does Mr. Ghazaleh’s g host continue to haunt the Justice Palace? Or are some people so afraid of what Mr. Ghazaleh could reveal of their past that they thus continue to tread carefully around him?
Lebanon has paid too dear a price in getting rid of the Syrian occupation that we cannot accept that crimes and judicial errors committed during that period go unpunished.
Many arguments can be, and have been, put forth by eminent and respected legal
experts that it is impossible to re-open the case of Youssef Chaabane because he
was tried before the Judicial Council and the decisions of the Council may not
be appealed. We, however, would like to remind the experts that:
The Lebanese Constitution gives precedence to Lebanon’s international
commitments over Lebanese law, and therefore nothing prevents the experts fro m
relying on the International Covenant on Civil and Political Rights to set up an
appeals process for judgments issued by the Judicial Council, by simply adopting
a positive interpretation of the law without recourse to Parliament.
Another trial took place in Jordan in 2000 on the same case, and at no time did that trial implicate Youssef Chaabane. This constitutes an exceptional factor that should prompt them to review the case. The question is not whether or not to put more credence in Jordanian justice; rather, it is basic common sense that should compel the Lebanese judiciary to immediately request from the Jordanian authorities to transmit those evidentiary elements that allowed them to make a decision and then review Youssef Chaabane’s trial in light of those elements.
Rustom Ghazaleh is no longer in Lebanon. The fact that he was directly or
indirectly involved in the trial should be reason enough to repeal the trial.
We continue to dare and hope that there are still in Lebanon judges who are
capable of placing their consciences ahead of their careers. It is to these
judges that we address ourselves today to ask them to take up this case and be
creative in finding a legal solution that would allow Youssef Chaabane to be
re-tried fairly. We will never accept that decisions made under pressure from
Ghazi Kanaan, Rustom Ghazaleh and their henchmen remain in the records of
Lebanese justice.
Wadih Al Asmar,
CLDH General Secretary
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Discours de Wadih Al Asmar, Secrétaire Général du CLDH (Centre Libanais des
Droits Humains) lors de la conférence de presse de ce vendredi 19 octobre 2007,
intitulée :
POURQUOI LA JUSTICE LIBANAISE CONTINUERAIT-ELLE A COUVRIR LES CRIMES DE RUSTOM
GHAZALE ?
Tout d’abord, au nom du Centre Libanais des Droits Humains, je tiens à vous
remercier de votre présence parmi nous, et je tiens tout particulièrement à
insister sur le rôle essentiel des médias dans le soutien qu’ils peuvent
apporter à notre combat pour un plus grand respect des droits humains au Liban.
Aujourd’hui nous vous avons conviés à cette conférence de presse pour faire le bilan de la campagne de lobbying et de sensibilisation que nous avons menée pour attirer l’attention du pouvoir politique, judiciaire ainsi que des in stances religieuses sur la situation dramatique que vit Youssef Chaabane, détenu depuis plus de 14 ans suite à un jugement contraire aux engagements internationaux du Liban. L’avis du Groupe de Travail sur la Détention arbitraire des Nations Unies est une marque de défiance vis-à-vis du système judiciaire libanais dans son ensemble, les experts des Nations Unies ont été très explicites quant à la qualification de la détention de Youssef Chaabane d’arbitraire. Le Groupe de Travail a considéré : « qu’être condamné à la peine capitale, même commuée en condamnation à perpétuité, sans que l’intéressé ait pu faire examiner par une juridiction supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation, constitue en soi une violation très grave des normes d’un procès équitable.»
« Le Groupe de Travail estime (…) que la violation du paragraphe 5 de l’article
14 du Pacte International sur les Droits Civils et Politiques (auquel le Liban
est parti) est d’une telle gravité qu’elle confère à la détention et à la
condamnation de Monsieur Chaabane un caractère arbitraire. »
Après cette campagne c’est un sentiment de profond malaise qui persiste, nous
avons eu la désagréable impression de constater que depuis avril 2005, date du
retrait des troupes d’occupation syriennes, rien n’a changé au Liban. Sinon
comment expliquer l’entêtement de tout l’appareil judiciaire à vouloir protéger
une décision prise suite à un procès inique qui a démarré par une arrestation
illégale au centre des services de renseignements du Beau rivage, et à une
enquête sous la tutelle de Rustom Ghazale ?
L’ombre de ce dernier continue-t-elle à rôder au Palais de justice ? Ou certains ont-ils peur de ce que ce dernier pourrait révéler sur leur passé et continueraient ainsi à le ménager ?
Le Liban a payé un tribut trop cher pour se débarrasser de l’occupation syrienne pour que nous acceptions que les crimes et erreurs judiciaires commis pendant cette période restent impunis.
Beaucoup d’arguments peuvent et ont été avancés par d’éminents et de
respectables juristes quant à l’impossibilité de rouvrir le cas de Youssef car
il aurait été jugé devant le Conseil de Justice et que les décisions de ce
dernier ne sont passibles d’aucun appel ; à ceux-là, nous souhaitons rappeler :
La Constitution Libanaise place les engagements internationaux du Liban au
dessus de la loi libanaise et par conséquent rien ne les empêche de s’appuyer
sur le Pacte International relatif aux droits civils et politiques pour mettre
en place un système d’appel des jugements devant le Conseil de Justice, et ceci
par simple interprétation positive de la loi sans avoir recours au Parlement.
Un autre procès a eu lieu en Jordanie en 2000 dans la même affaire, et ce procès n’a, à aucun moment mis en cause Youssef Chaabane. Il s’agit bien d’un élément exceptionnel qui devrait les inciter à rejuger l’affaire. Il ne s’agit pas de faire d’avantage confiance à la justice jordanienne ou pas, mais le simple bon sens aurait exigé que la justice libanaise demande immédiatement aux autorités jordaniennes de lui transmettre les éléments de preuves qui lui ont permis de prendre cette décision et revoir le procès de Youssef Chaabane à la lumière de ces éléments.
Rustom Ghazale n’est plus au Liban, le fait qu’il soit intervenu directement ou
indirectement dans le procès devrait être une raison suffisante pour annuler ce
procès
Reste-t-il au Liban des juges capables de faire primer leur conscience sur leur
carrière et leurs intérêts directs ? Nous continuons à oser l’espérer. C’est à
ces juges-là que nous nous adressons aujourd’hui pour leur demander de se saisir
de cette affaire et d’être créatifs pour trouver une solution juridique qui
permettra de rejuger Youssef Chaabane d’une façon équitable. Nous ne pourrons
jamais nous réso udre à accepter que les procès dont les décisions ont été
prises sous la pression exercée par Ghazi Kanaan, Rustom Ghazale ou leur sbires
restent dans les annales de la justice libanaise.
Wadih Al ASMAR
Secrétaire Général du Centre Libanais des Droits Humains